Edène

Inspiré de Martin Eden de Jack London

Édène veut écrire un chef-d’œuvre, pour participer au grand tourbillon de la littérature qui l’enivre mais aussi pour conquérir Rose dont elle vient de tomber amoureuse. Édène veut écrire un chef-d’œuvre mais pour pouvoir vivre, Édène travaille à la blanchisserie de l’abattoir. Pesonne ne croit qu’Édène puisse écrire un chef-d’oeuvre. Ni ses colocataires et collègues qui ne comprennent pas bien l’intérêt de s’épuiser à écrire alors que le travail est déjà si dur et qui préparent leur première grève. Ni Rose et ses amies qui ne pensent pas qu’on puisse s’improviser artiste sans avoir jamais ou presque fréquenté l’art.

Pourtant, malgré la fièvre, la fatigue et les dettes, malgré les tendinites et le mépris, Edène écrit.

Fortement inspirée par Martin Eden, le roman de Jack London qui a bercé mon adolescence, je veux interroger l’étrangeté que constitue un désir d’écriture ou de création lorsqu’il naît dans un milieu social où il est exceptionnel : pourquoi _ça_ brûle et pourquoi on s’obstine même quand _ça_ paraît voué à l’échec ? Le parcours d’Edène montre aussi à quel point il est difficile d’articuler désir artistique et survie économique, il illustre la fausseté du « quand on veut on peut ». Edène ne réussit, de manière éphémère, à tenir les deux de front qu’au prix de sa santé. Le plateau sera à la fois le lieu du travail à la chaîne, de la manipulation du linge ensanglanté et des visions de l’écriture (pas au sens de l’inspiration et du génie mais au sens du travail minutieux, acharné parfois, des images)